Je suis séropositive et je voudrais allaiter mon bébé
Quelles sont les recommandations pour l’allaitement ?
L’allaitement maternel suscite encore des débats passionnés. Pour les femmes séropositives au VIH il est parfois très difficile de choisir entre donner le sein ou nourrir au biberon, à cause des pressions dont elles font l’objet de la part de leur entourage et de leur environnement médical.
En France, les recommandations médicales pour l’allaitement sont définies par le groupe d’expert sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH. Celui-ci mentionne notamment (page 34) : « L’allaitement artificiel reste toujours en 2017 la seule prévention totalement efficace de la transmission postnatale et ne pose pas de risque pour la santé de l’enfant dans les pays du Nord contrairement à ce qui est observé dans les pays aux ressources limitées. L’allaitement maternel reste donc contre-indiqué en France. »
L’Organisation mondiale de la Santé recommande également aux femmes infectées par le VIH d’éviter l’allaitement maternel quand une alternative est possible et sûre. Cependant, cette « recommandation [est] impossible à appliquer dans la plupart des pays africains, pour différentes raisons, qu’il s’agisse de la pression culturelle, du coût du lait maternisé ou encore de l’accès à l’eau potable… » selon le Professeur Philippe Van de Perre, chef de service au CHU de Montpellier.
Un sujet sensible pour les femmes qui veulent allaiter
Dans les pays où l’allaitement artificiel est accessible, certaines femmes souhaitent tout de même donner le sein à leur bébé, soit pour éviter certaines questions de la part de leur entourage, soit par choix personnel. Parfois elles ne peuvent pas non plus aborder ce sujet avec l’équipe médicale qui les suit, ce qui peut avoir des conséquences graves pour l’enfant, en particulier si la charge virale de la mère n’est pas contrôlée.
On sait déjà que si la charge virale de la mère est indétectable, le VIH ne sera pas transmis au bébé. Certaines études suggèrent également qu’un traitement antirétroviral peut être administré au nourrisson le temps de l’allaitement, tandis que l’OMS recommande un allaitement maternel exclusif, pendant les 6 premiers mois, donc sans apport de lait artificiel car l’allaitement mixte (maternel + artificiel) comporte un risque plus élevé de transmission du VIH.
Face à ces situations, certaines associations comme le Comité des Familles, en collaboration avec Actions Traitements et Dessine-moi un mouton, tentent de faire bouger les lignes afin que l’allaitement par des mères séropositives soit mieux encadré.
Le groupe d’experts travaille actuellement sur les nouvelles recommandations de prise en charge des PVVIH, et notamment sur la question de l’allaitement. Dans ce cadre il pourrait ainsi reconsidérer la contre-indication absolue actuellement préconisée.
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