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vivre avec le VIH

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L’infection au VIH de plus en plus présente à Mayotte

Pouvoir dépister afin de traiter et prévenir la transmission

Publié le 17/06/2024

Explosion de la misère, explosion des cas d’infection à VIH

Département français d’Outre Mer depuis 2011, Mayotte est un territoire traversé par les migrations venues des Comores, de l’Afrique et de Madagascar. C’est aussi une île où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Quand cette pauvreté se double d’un accès aux soins difficile le contrôle de l’épidémie de VIH peut être entravé.

A Mayotte on assiste à une très forte augmentation du nombre de personnes infectées par le VIH : 75 nouveaux patients en 2023, dont 25 % au stade SIDA pour une population de 310 000 habitants. Selon le COREVIH Océan Indien, le nombre de personnes suivies à l’hôpital a augmenté de 57% en 7 ans, et les nouveaux cas de VIH de plus de 61%.

Les femmes semblent les plus touchées, mais ce sont aussi celles qui sont le plus dépistées, notamment au moment de la grossesse. Mais quand elles sont très pauvres, elles ont parfois plusieurs amants, ou se livrent à la prostitution afin de subvenir à leurs besoins. Malheureusement, dans ce contexte, les préservatifs ne sont pas toujours disponibles ou gratuits, et la transmission peut se produire.

Dépister si c’est possible

Afin de contrôler une épidémie galopante, il faut d’abord pouvoir savoir qui a le VIH et qui ne l’a pas, donc dépister. Pour Moncef Mouhoudhoire, directeur de l’association Nariké M’sada , partenaire de SIS Association – Sida Info plus, engagée dans la lutte contre le VIH depuis 2003, le dépistage est très hospitalo-centré à Mamoudzou et peu de gens peuvent se payer un taxi
et risquer de se faire contrôler juste pour aller se faire dépister à Mamoudzou. »

Des actions ont été mises en place pour aller vers les personnes les plus éloignées de l’hôpital et améliorer le dépistage. Par exemple, dans le cadre du dispositif « Mayotte sans Sida et hépatites », Nariké M’sada a pu acquérir un camion mais les déplacements sont parfois très difficiles à Mayotte.

Des soins peu accessibles

L’intérêt de savoir qu’on a le VIH, c’est de pouvoir se soigner afin de rester en bonne santé le plus longtemps possible. Ce qui implique d’avoir accès à des traitements, à des soins et à un suivi. Pour en bénéficier, il faut être affilié à une caisse de sécurité sociale ou, a minima, de l’Aide Médicale d’Etat (AME) qui permet aux personnes en grande précarité de se soigner. Or, à Mayotte, l’AME n’existe pas, ce qui oblige les malades à payer pour avoir accès à des consultations médicales.

Beaucoup de personnes vivant avec le VIH, notamment des femmes étrangères sans titre de séjour, renoncent ainsi à se faire soigner, ce qui contribue à la propagation de l’épidémie.

Le VIH et les frontières

Les barrages citoyens contre l’insécurité et l’immigration et les nombreux contrôles de la Police de l’Air des Frontières (PAS) représentent un obstacle supplémentaire et très concret dans la prise en soin des personnes vivant avec le VIH. Les contrôles de Police peuvent intervenir à proximité des actions de dépistage, mais aussi sur les routes. Se déplacer pour se faire soigner peut devenir dangereux pour les personnes sans papiers ou pour celles dont le titre de séjour arrive à expiration.

Le risque de se faire contrôler, et éventuellement expulser, peut devenir plus important ou plus immédiat que celui encouru quand on ne prend plus ses médicaments.

En droit, les personnes vivant avec le VIH peuvent bénéficier d’un titre de séjour pour soins. En pratique, les titres de séjour peuvent être refusés parce que les traitements antirétroviraux sont disponibles dans les pays d’origine. En principe. Parce que dans les faits les séropositifs n’y ont pas toujours vraiment accès.

Empêcher, d’une manière ou d’une autre, les personnes vivant avec le VIH de bénéficier des soins dont elles ont besoin ne constitue pas seulement un danger pour leur santé. S’attaquer à la santé des personnes vulnérables, c’est aussi renoncer à la solidarité qui protège tout le monde, pas seulement les séropositifs, qu’ils soient immigrés ou pas. C’est risquer une explosion sanitaire qui peut toucher tout le monde, comme le COVID-19 l’a fait récemment.

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