SIDA : ne pas oublier
Hommage à Frédéric Edelmann
Régis Thiébaud, écoutant à Sida Info Service se souvient
« J’aimerais rendre hommage à Frédéric Edelmann dont Le Monde a annoncé le décès le 25 janvier 2024
Il en animait la rubrique architecture depuis 1977. J’ai dû l’y croiser à la même époque car j’y arrondissais mes fins de mois difficiles d’étudiant comme coursier, arpentant les différents bureaux des journalistes pour leur apporter dépêches et boissons et récupérer leurs articles.
Frédéric Edelmann est à l’origine de l’activité de Sida Info Service car c’est lui qui le premier eut l’idée d’ouvrir une ligne téléphonique d’information et de soutien dans la toute naissante association Aides au début de l’année 1985.
Aux débuts de Sida Info Service
Une permanence téléphonique pour les séropositifs
La permanence téléphonique de SIS a démarré dans son appartement rue Michel-le-Comte dans le Marais et il lui suffisait de descendre au rez-de-chaussée pour y animer les premières réunions d’information au « Duplex », l’un des rares bars gay à nous accepter alors. C’est là que je le rencontrais vraiment au printemps de la même année.
D’une ligne quasi privative il voulut faire un service à part entière et se donna les moyens de rassembler autour de lui une équipe déterminée et sensible (dont faisait partie Pierre Kneip). Ainsi naquit la « Permanence Téléphonique » de Aides jusqu’à ce que nous prenions le relais de cette intuition en 1990 et l’étendions dans le temps et l’espace.
Rescapé des années terribles (son pronostic vital était engagé en 1996) il fut sauvé in extremis par l’arrivée des trithérapies et se reconstruisit peu à peu, comme toute une génération jusqu’alors condamnée en investissant de nouveaux horizons architecturaux loin de nos frontières, notamment en Chine, dont il apprit la langue (une gageure, je confirme) et dont il chroniqua avec finesse l’ouverture au monde.
Toujours mobilisé dans la lutte contre l’épidémie à Arcat-sida devenu ARCAT-Santé dont il affirmait qu’elle avait été, paradoxalement, la « chance » de sa vie malgré les souffrances et les deuils il avait gardé cette distance un peu ironique sur les choses et sur lui-même qu’on apprend dans les meilleures écoles de journalisme. »
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